Haiden Deegan : « J’aurais pu faire pire »

Publié par La Rédaction le mercredi 1 octobre 2025 à 09:14

Haiden Deegan n’a pas besoin de répondre aux demandes d’interviews. Il se pose les questions lui-même sur YouTube. Ca permet de contrôler le discours et l’image. On traduit quelques passages croustillants du SMX de Las Vegas avec sa permission. 

« Qu’aimes-tu le plus dans le Championnat SuperMotocross ? » (4’50)

Haiden Deegan : « J’ai vraiment excellé à gagner ces courses et ce Championnat. Il y avait beaucoup d’argent en jeu. Tout le monde donnait son maximum — l’organisateur, les médias, tout le monde a monté le truc en épingle en disant qu’il y aurait des batailles, que ce serait chaud, etc. Puis, quand c’est arrivé sur la piste, on a entendu : “ah bah non, il ne fallait pas faire ça. » Je voulais qu’il y ait une vraie course, je voulais jouer au chat et à la souris. J’aurais pu le découper en deux tout de suite, mais ça aurait été inutile. J’ai préféré attendre, créer un peu de tension, pour que d’autres pilotes reviennent sur nous. C’est difficile, car les pilotes 250 ne sont pas très réguliers. C’était compliqué d’avoir deux gars entre nous dans la dernière manche. Il n’y a pas eu un seul instant où je n’ai pas entendu le public crier. Qu’ils me huent ou qu’ils soutiennent l’autre, c’était un vacarme incroyable. Je n’avais jamais entendu quelque chose d’aussi fort. On a joué au chat et à la souris tout le long. Peut-être que les plus anciens n’aiment pas ça, mais je suis persuadé que c’était l’une des courses les plus excitantes. Je n’ai pas gagné le Championnat, mais cette finale a attiré plein de nouveaux fans du sport. Ceux qui l’ont vue, je te garantis qu’ils reviendront l’an prochain. C’était l’une des courses les plus folles qu’on ait jamais eues. »

Les fans
« J’ai reçu des milliers de messages privés de gens disant que c’était la course la plus intense qu’ils aient vue de leur vie. Que tu m’aimes ou pas, c’est un fait. Et au final, c’est ça qui compte : c’est du spectacle. Le but, c’est de voir combien de gens tu peux faire vibrer. J’aurais pu le doubler et m’échapper. Les fans auraient regardé la fin en silence. Il fallait que je fasse autrement. Certains disent que j’aurais pu le blesser, mais mon seul objectif était de le pousser un peu pour qu’il perde du temps. Seth Hammaker n’était pas loin, ça a failli marcher. C’est du cross : tu décides en une fraction de seconde, pas en cinq minutes. Je me suis cassé la clavicule en tombant, j’ai pris un gros choc. J’ai gardé la main sur l’embrayage, je me suis relevé aussitôt. Si ma clavicule n’avait pas été cassée, je serais reparti direct. La bataille n’aurait pas été finie : on serait allés jusqu’au drapeau à damiers. Les fans auraient été fous pendant encore dix minutes. Jo a même dit aux médias qu’il pensait que ça allait être pire. Bien sûr que j’aurais pu faire pire, mais ce n’était pas mon intention. Mon but, c’était ce jeu du chat et de la souris pour lui faire perdre du temps, pas de le sortir dès le début. Je voulais qu’il finisse 4ème et que je gagne. Il était aussi plus rapide, c’est clair. »

« Comment as-tu fait pour te re-concentrer après une course comme St. Louis ? » (8’38)

Haiden Deegan : « Il s’est vraiment passé quelque chose pendant cette course. Je me suis fait découper par Levi Kitchen. Ce n’est pas un problème, ça fait partie de la course. La meilleure façon de me re-concentrer, c’était de trouver un moyen de gagner le Championnat dans la dernière manche à Vegas. J’ai fait absolument tout ce que je pouvais. Je m’étais dit que j’allais me battre, coûte que coûte, pour le titre. Parfois, la chance n’est pas de ton côté, alors tu te bats. Levi était aussi dans la course, il roulait super bien à St. Louis, donc s’il était 2ème, il était dans le coup aussi. Puis, soudainement, il a un problème mécanique. Quand j’étais en tête, j’ai vu les deux pilotes Pro Circuit derrière moi et Jo en 4ème position. J’étais super content, je me suis dit : “ok, je suis dans la position idéale pour gagner.” Et puis soudain, Levi s’arrête et abandonne… C’était vraiment bizarre. »

« Quelle est ta vision pour faire grandir le sport ? » (9’42)

Haiden Deegan : « La dernière fois que le sport a vraiment grandi, c’était avec James Stewart. Il avait sa propre émission de télé, et sa rivalité avec Ricky Carmichael et Chad Reed a tout changé. C’était la dernière grande époque du motocross. Mon objectif, c’est de revenir à ce niveau-là et de trouver comment y parvenir. Regardez ce que fait Jake Paul avec la boxe : il a redonné envie aux gens d’en regarder. C’est exactement ce que j’essaie de faire avec la moto, attirer de nouveaux fans. Ce serait une victoire pour tout le monde — pour moi, mais aussi pour les autres pilotes. J’ai écouté une interview de Garrett Marchbanks où il disait qu’il avait du mal à payer son loyer. Ce mec est pourtant l’un des meilleurs pilotes de motocross au monde ! Ça veut dire quoi ? Qu’on a besoin de plus de fans et surtout de plus d’argent. »

Nerf du cross
« Oui, j’ai envie de gagner 50 millions par an, mais j’aimerais aussi que les autres puissent prendre leur retraite sans se demander comment ils vont boucler leurs fins de mois. Regarde les autres sports : en foot ou en basket, même les joueurs moyens gagnent très bien leur vie. Jake Paul a fait revivre la boxe. Tout le monde veut l’affronter, parce qu’ils savent qu’ils vont toucher 50 millions. C’est ça, le but : attirer plus d’intérêt pour notre sport. On a déjà les fans hardcore, les vrais passionnés, mais il en faut davantage. Que tu m’aimes ou pas, ça m’est égal. Ce que je veux, c’est faire grandir ce sport et qu’il rapporte plus d’argent à tout le monde. Aujourd’hui, certains pilotes ont à peine de quoi vivre. C’est dingue qu’on en soit là. Le sport doit grandir, et vite. »

« Comment fais-tu pour garder une telle force mentale tout le temps ? » (11’44)

Haiden Deegan : « Le motocross, c’est dur mentalement. C’est justement pour ça que j’ai réussi à exceller aussi vite. Il ne m’a pas fallu longtemps pour me mettre dans le rythme, grâce à ma force mentale. À chaque fois que je me place derrière la grille, je me dis que je vais gagner. À chaque fois que j’arrive sur la piste, dès les essais chronos, je me dis la même chose : je vais gagner ou être le plus rapide. Ça peut paraître arrogant, mais c’est simplement l’état d’esprit dans lequel je suis. Que je gagne ou que je perde, je rentre chez moi en me demandant comment je peux être meilleur à la prochaine course. »

Victoire, victoire
« C’est une quête sans fin de la victoire. J’ai connu des hauts et des bas dans ce sport. On passe tous par là. C’est comme ça : tu gagnes, tu perds. Certains t’aiment, d’autres pas. Mais malgré tout, les vrais fans te soutiennent quoi qu’il arrive. Croyez-moi, j’ai beaucoup appris de tout ça. Quand je suis au plus bas, je ne déprime pas — j’apprends. Je me demande toujours : comment puis-je être meilleur ? Et quand je suis au plus haut, c’est pareil : comment être encore meilleur ? Quand tes sponsors continuent de te soutenir, peu importe les résultats, ça veut tout dire. Parce qu’on vit tous ces moments-là. Et ça, je le respecte énormément. »

Propos recueillis sur YouTube (ci-dessous) et traduits par la rédaction.

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