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« A l’aise Blaise » #18 : tristesse

Publié par La Rédaction le jeudi 8 juin 2017 à 12:34

Comme beaucoup d’entre nous, Blaise Abbadie a le coeur gros après le décès de Steven Lenoir. Avec les mots qu’il peut, il exprime sa douleur, sa frustration et sa tristesse. 

Je me demande souvent pourquoi le motocross n’est pas énormément médiatisé en Europe. Pas moins de 35 bonhommes alignés derrière une grille de départ prêts à tout pour virer en tête au 1er virage, c’est excitant non ? Des chutes, de l’adrénaline, des dépassements, de la tension. Tous les ingrédients sont réunis pour donner envie à Mr Toutlemonde de parcourir quelques kilomètres pour venir voir une course où les pilotes vont se donner corps et âmes pour montrer le meilleur d’eux-même. En fait les valeurs transmises dans notre sport sont assez peu reconnues. Tout pilote sait qu’il faut être prêt physiquement, techniquement et mentalement pour ne pas repartir en ruminant la tête basse le dimanche soir après la course. Il faut faire preuve d’abnégation. Tous les leaders de chaque championnat régionaux sont des sportifs qui s’entraînent dur la semaine, souvent seul dans leur coin. Pas d’entraîneur ni de coach comme dans une équipe de foot ou rugby, juste de l’envie et de la motivation. Il faut être passionné. Élément essentiel pour passer un week-end d’entraînement par -2°C l’hiver ou une course sous 35°C l’été pendant que tes amis sont à la plage pour jouer au beach volley avec quatre petites. Il faut se priver pour réussir. Si tu veux suivre un championnat complet tu sais très bien qu’il faut faire une croix sur 80% des sorties du samedi soir avec les copains.

Belle mais injuste
Il faut être doué. On ne va pas se le cacher, deux pilotes qui commencent en même temps ne seront pas forcément au même niveau deux ans plus tard. Il faut dépenser une bonne partie de l’argent que tu as gagné. Ne serait-ce que pour changer ou entretenir ta moto. Il faut prendre sans cesse des risques. Repousser ses limites pour être meilleur chaque week-end. Le niveau ne cesse d’augmenter et les risques et blessures vont avec. Aujourd’hui je suis déçu et en colère après mon sport. En colère parce que le destin est injuste. En colère parce que cela peut arriver à n’importe qui. En colère parce qu’il y a peu de 2ème chance. J’ai été touché par la chute de Mickael Musquin avec qui j’ai roulé. Je le suis encore par le décès de Steven Lenoir. Je ne connaissais pas personnellement ce pilote mais à chaque nouvelle de ce genre c’est un coup de massue. Il y a plusieurs année je croyais que cela arrivé juste aux autres.
En prenant de la maturité et de l’âge, ce coup de massue s’amplifie et on réalise que cela peut toucher tout le monde à n’importe quel niveau. Cela fait réfléchir. Vivre est risqué. Il faut arriver à trouver le bon dosage entre le plaisir, l’adrénaline et le danger. Sois heureux et vis prudemment.

Blaise Abbadie.

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