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Tomac : « terminer ce qu’on a commencé »

Publié par La Rédaction le jeudi 9 avril 2020 à 19:33

Confiné chez lui, dans son Colorado natal, Eli Tomac s’est exprimé dans une longue interview réalisée par nos confrères de chez Racer X. Avec leur autorisation, on a traduit l’essentiel.

Eli Tomac : « La situation que nous vivons est bizarre. Tellement bizarre même ! Après Indianapolis, on a roulé en Supercross pendant une semaine de plus parce qu’on ne savait pas vraiment ce qui allait se passer. Rien n’était encore gravé dans la pierre si ce n’est qu’Indianapolis était annulé. Et puis, on s’est mis à attendre. Il y avait tellement d’inconnu sur le sujet. Les courses de Detroit et Seattle ont finalement été annulées elles aussi et à partir de là, tout était clair. J’ai donc pris deux semaines de congé avant de reprendre à rouler le lundi d’après. Je garde un programme même si les facteurs d’inconnus sont multiples. C’est un peu effrayant. Dans le Colorado, tout les commerces non « essentiels » sont fermés. Concernant les restaurants par exemple, vous pouvez commander et aller chercher votre nourriture mais personne ne mange à l’intérieur. On a cette impression de ville fantôme très réelle même à Cortez. Je ne m’entraine pas sur un programme complet en ce moment. J’essaye juste de rouler deux ou trois par semaine mais c’est tout. J’ai déjà pris ces deux semaines de congés alors j’essaye juste de rester en forme sur la moto. »

Rester en bonne santé
« En règle générale, lorsque la saison se termine après l’outdoor, nous prenons tous environ trois semaines de congés bien que cela dépende du MX des Nations. Et c’est à peu près tout car ensuite il faut recommencer le sport en vue de la Monster Cup. On est tellement habitués à enchainer les week-ends de compétition que de ne plus avoir ce quelque chose, ce but à poursuivre est étrange en tant qu’athlète. Nous devons nous contenter de rester en bonne santé, rester en forme et ne pas s’épuiser. C’est vraiment étrange. Je profite un peu de ce temps libre pour faire certaines choses à la maison. Je nettoie les affaires dans ma cour, j’effectue un peu ce qu’on appelle le « nettoyage de printemps ». Je vais dehors, je coupe des branches et toutes ces choses ordinaires que je n’ai jamais le temps de faire. Je pense que c’est probablement sur la liste de la plupart des gens ces jours-ci. Or, c’est aussi la plupart des choses que nous ne faisons pas en tant que pilotes. J’aime être dehors et faire quelque chose. Je ne peux pas rester assis »

« Le seul point positif de tout ce scénario est que Jessica et moi attendons un bébé prévu pour la 1ère semaine de mai. Je vais donc être chez moi lorsque je deviendrai père. Salt Lake City était prévu le 3 mai et la date limite pour le terme est le 5. Je commençais déjà à transpirer mais maintenant, c’est réglé. Nous serons à la maison. J’espère juste que les hôpitaux ne seront pas trop débordés. On est un peu en train de flipper à cause de ça. Vivre cette situation en tant que leader du championnat SX est d’autant plus terrible. Tout ce que j’espère, c’est qu’on pourra terminer ce qu’on a commencé. Ce serait horrible si les choses se terminaient ainsi. J’espère que nous allons réussir à reprendre que ce soit pour deux épreuves, une épreuve ou les sept que nous devions encore rouler. J’espère simplement que la saison se terminera de manière légitime. Qu’importe qui gagne et qui perd, au moins nous aurons une vraie fin et nous ne resterons pas dans cet inconnu. Bien sûr, je suis en position de prendre les choses comme elles viendront mais ce serait bien d’être fixé et de ne pas découvrir dans trois mois que finalement je suis le champion. Tout le monde se souviendrait de la façon dont ça s’est passé et ce n’est pas une bonne chose. Malheureusement, on ne peut pas décider de tout. »

Une transition délicate
« Si les choses reviennent à la normale durant l’été, que nous roulons l’outdoor et que nous devons repasser ensuite au supercross, cela va certainement changer la donne. Il n’y aura pas d’échauffement. Habituellement, on peut s’échauffer à Anaheim 1 et durant la deuxième épreuve du SX US. Là on ne pourra pas se le permettre. D’autant que la transition entre les deux disciplines n’est jamais facile car vous faites travailler différents muscles et la vitesse à laquelle vous roulez n’est pas la même non plus. En supercross, le rythme cardiaque est beaucoup plus élevé. En, motocross, j’ai l’impression que nos muscles sont plus sollicités. Cette transition va donc être très différente. Ce qui fou quand tu jettes un œil aux saisons précédentes, c’est que passé Daytona, les leaders ont souvent de l’avance au classement général. Ce n’est pas le cas cette année. Avec Kenny si proche de moi, tout ce que je peux faire, c’est essayer de rester cohérent. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait cette année, être régulier. »

« Je ne peux pas vraiment expliquer comment et pourquoi j’ai su rester constant jusque là. Je pense que c’est juste la maturité et l’expérience. Je me sens peut-être un peu mieux mentalement que ce soit durant la course ou sur la ligne de départ. Je pense que c’est peut-être parce que j’ai pris tellement de départs et tellement roulé avec ces gars que les choses changent dans votre esprit. J’ai toujours cette même envie de rouler et de gagner mais j’ai l’impression que le stress et l’anxiété de ne pas savoir à quoi s’attendre se sont calmés. Kenny et moi, on roulait déjà ensemble lors des Mini Os quand on avait 12-13 ans sur des 85. Quand on regarde en arrière, on voit que finalement, on a toujours les mêmes adversaires. Je pense que lui et moi, nous avons la même mentalité. Nos styles peuvent sembler différents mais je pense que nous prenons la compétition de la même façon. J’ai même l’impression qu’on se fait confiance, qu’on fait confiance à nos trajectoires. On ne réfléchit pas à deux fois pour savoir ce que l’un de nous va faire et c’est de là que vient ce respect mutuel. A l’inverse, il y a en d’autres toujours en travers du chemin mais vous savez à quoi vous attendre de leur part. D’une manière générale, il y a moins de chaos en 450 qu’en 250. Il y a certains pilotes avec qui tu peux laisser une porte ouverte et d’autres pas. Il est évident que si on arrive à la dernière course quasiment à égalité de points, on ira forcément piquer la ligne de l’autre mais ce n’est pas comme vouloir te sortir de la piste sans aucune raison. »

La course folle de Daytona
« Cette saison, il y a des épreuves qui auraient pu être bien pires que ce qu’elles ont été. A Atlanta, c’était la bagarre avec Barcia. Après être tombé, j’ai paniqué et finalement réussi à me hisser à la 4ème place je ne sais pas trop comment. Je pense que ce qui m’aide, c’est d’arriver à maintenir le même rythme du début jusqu’à la fin de la course. Parfois, à mi-course, il y a un peu comme une sorte de calme avant la tempête. Et soit les gars explosent soit ils arrivent à passer outre. J’arrive à pousser à ce moment précis puis à maintenir la même cadence qu’en début de course et c’est à ce moment là que je peux rattraper mes adversaires. A Daytona, je pensais que Ken avait filé. Je savais que la 2ème place était à ma portée puis une fois revenu second, je me suis dit voyons ce que je peux encore faire. A ce moment là il ne me restait que deux tours puis d’un coup, j’ai repris deux secondes et demi sur lui et j’ai alors su que j’étais de retour dans le jeu. Je pense que Daytona est probablement l’un des seuls endroits où je pouvais faire ça et c’est là que c’est arrivé. En revanche, dans un stade plus classique si je puis dire, je pense que ça aurait été impossible. Cet arrêt de la compétition est difficile mais le plus compliqué, c’est l’incertitude. Que va-t-il se passer s’ils annoncent une quarantaine pour deux mois de plus ? C’est la partie qui craint vraiment. C’est donc ce qui me fait le plus peur, regarder l’avenir de cette façon sans savoir à quoi s’attendre et sans échéance précise. Tout le monde est dans le même bateau et il faut faire avec. Qui se plaindrait après ça de rouler tous les week-ends ? Vivement le retour de la compétition. ».

Propos recueillis par Jason Weigandt/RacerX (Traduction/adaptation LeBigUSA.com).

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