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Cinq minutes avec Christophe Charlier

Publié par La Rédaction le jeudi 5 octobre 2017 à 17:40

Le Christophe Charlier version 2.0 est devenu tellement équilibré et solide qu’il a remporté non seulement les ISDE mais aussi le MXdN pour la France la même année. Il raconte.

Tu peux sans doute prétendre être le pilote off-road le plus complet au monde à présent ?
Christophe Charlier : Merci ! Avant tout, je suis vraiment surpris. J’ai quitté le motocross il y a un an et je n’avais certainement jamais pensé à un comeback comme celui-là. En particulier parce que j’avais connu quelques semaines difficiles avant le Motocross des Nations. Je n’ai pas eu beaucoup de temps pour m’entraîner et je ne disposais que d’une machine standard. Mais quoi qu’il en soit, tout était absolument parfait durant le week-end en lui-même ! J’ai eu le soutien de Husqvarna Factory et le team MX2 de Jacky Martens s’est montré brillant. En fait, tout le monde autour de moi m’a beaucoup aidé dans le cadre du MX des Nations.

Le week-end avant Matterley Basin a lui-même été très difficile puisque tu as reçu un choc à la tête sur le round de l’EnduroGP à Hawkstone Pak. Tu as souffert d’une légère commotion, non ?
Exactement, ce n’était pas l’idéal. Durant deux à trois jours, ma vision n’était pas claire. Honnêtement, j’ai appris énormément à propos de moi-même et de mon corps en enduro. Cela m’a beaucoup aidé à mieux comprendre mon état et à gérer la difficulté. Je savais que les maux de tête et les troubles passeraient et je serais en forme pour le Motocross des Nations. L’enduro m’a aussi beaucoup aider à progresser dans mon pilotage. Avant, j’avais tendance à ne pas me sentir dans mon élément dans la boue mais tout s’est parfaitement passé le week-end dernier. Je n’ai pas pris le meilleur départ dans la première manche mais j’ai heureusement pu corriger le tir dans la seconde ! Au final, c’était tout simplement un week-end extraordinaire.

Il semble que tu sois plus fort que jamais d’un point de vue mental. Tu as dû non seulement revenir de l’enduro au motocross, reprendre le guidon d’une machine MX2, et arriver dans le team français qui était le favori sur le MX des Nations après trois victoires consécutives. Cela fait beaucoup !
Oui, en effet ! Je pense que je suis mentalement plus fort à présent. Mais je ne peux pas nier le fait que c’était malgré tout un peu stressant ! D’un autre côté, l’enduro consiste essentiellement à gérer tous les défis qui se présentent sur ta route. Quoi qu’il arrive, il s’agit de rester positif. Être stressé est une chose mais tu ne peux en aucun cas le laisser avoir un effet sur toi. Avant les manches, je ressentais une certaine pression mais je me suis senti calme une fois sur la moto.

Quand as-tu été contacté par le team ?
Il y a trois semaines seulement. Lorsque le team manager Pascal (Finot) m’a appelé, je n’ai pas hésité une seule seconde ! J’ai dit oui immédiatement.

Le fait que tu aies déjà signé de belles performances à Matterley Basin dans le passé devait être rassurant. Tu avais déjà gagné une manche MX2 là-bas.
Oui, c’est vrai. D’une certaine manière, le circuit me mettait en confiance. Mais avant tout, je crois que c’est la confiance que Pascal a placée en moi qui a fait la différence.

Peu de teams vont aussi loin que l’équipe de France en terme de préparation. Les pilotes et toute l’équipe était en stage de préparation durant la semaine qui a précédé l’événement sans aucun accès aux réseaux sociaux. On ne pouvait pas te joindre avant la course !
Oui, c’est tout-à-fait correct. Je suis persuadé que cette approche porte ses fruits à présent. Pendant une semaine, nous avons été parfaitement entourés par des gens d’expérience afin de nous offrir les meilleures conditions dans cette ultime phase de préparation. Ne pas être perturbé par ce qui se passe en ligne ou sur les réseaux sociaux est un excellent exemple. Cette semaine m’a aussi permis de me rapprocher de Gautier (Paulin) et de Romain (Febvre). Nous avons beaucoup discuté, nous avons partagé des conseils. Je crois que tout cela s’est traduit dans le résultat que nous avons obtenus.

Peux-tu comparer cette expérience avec ton premier Motocross des Nations en 2013 ? Tu avais alors roulé avec la 450 alors que tu étais encore en MX2.
Les circonstances étaient totalement différentes. A ce moment de ma carrière, je souffrais beaucoup du stress et c’est pourquoi je ne parvenais pas à m’exprimer pleinement. Je prenais de mauvais départs, je faisais beaucoup d’erreurs et je roulais trop souvent à la limite d’une manière générale. Je suis à présent beaucoup plus relax. Il faut en fait rester calme, faire de ton mieux et c’est tout !

Franchement, personne n’aurait pu dire que cela faisait si longtemps que tu n’avais plus disputé une course de motocross. Déjà le samedi, tu affichais un bon niveau. Dans des conditions qui n’avaient finalement rien à voir avec l’enduro puisque les conditions est resté en bon état.
Je me suis vraiment senti bien dès le départ, malgré le manque de rythme en course. A chaque sortie, mon feeling sur la moto devenait meilleur.

L’enduro a clairement fait de toi un autre pilote. Dans quels domaines as-tu progressé ?
Dans la boue, dans tout ce qui est glissant. Garder le contrôle de la situation et utiliser sa tête. En général, je dirais que j’ai progressé dans ma compréhension de moi-même. Savoir par exemple quand tu es fatigué et que mieux vaut se préserver, ou quand tu te sens bien et que tu peux continuer à pousser… Bien sûr, si tu roules de façon plus réfléchie, tu évites aussi plus facilement les blessures.

Pour celui qui débute l’enduro, les règles propres à la discipline sont un challenge en elles-mêmes. Rouler ne suffit pas, il faut penser également si l’on veut pouvoir gagner !
Pour moi, ce qui rend l’enduro vraiment intéressant, c’est que tu ne peux pas compter sur la chance. La moindre petite erreur et tu peux oublier le podium ! Tu fais donc en sorte de rouler en gardant une marge de sécurité. Ceci dit, en motocross, il est crucial également d’éviter les erreurs.

Certains ont parfois l’impression que l’enduro est une discipline pour les ex-crossmen. Ceux qui connaissent moins pensent même qu’il est facile pour un pilote qui vient du motocross de rouler devant…
 (Rires) Hmmm, l’enduro a beaucoup changé. Il y a beaucoup de très bons pilotes qui viennent d’horizons différents et tout le monde pousse pour faire monter le niveau. Beaucoup de pilotes d’enduro qui ne sont pas nécessairement très connus vous surprendraient par leur niveau à moto. Mon conseil pour les crossmen serait d’observer, de regarder autour d’eux et de voir tout ce qu’ils peuvent apprendre de l’enduro. Ou de monter sur une machine de trial de temps en temps. Ce qui est sympa évidemment, c’est que tu peux pratiquer l’enduro à beaucoup de niveaux différents. Mais il ne faut pas se mentir, lorsque l’on parle de compétition, le rythme est élevé !

Merci pour le temps que tu nous as consacré et bonne chance à Zschopau pour le round final du championnat EnduroGP !
Avec plaisir, on se voit là-bas.

Propos recueillis par Tom Jacobs (Shot Racegear).

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