« Il était une fois le SX US » (Roczen)

Publié par La Rédaction le samedi 4 avril 2020 à 18:00

Ken Roczen débute sa carrière en 450 chez KTM avant de signer chez Suzuki et de choisir Honda en 2017. Le 8ème chapitre du livre « il était une fois le SX américain » lui est consacré.

Lorsque Ken Roczen passe les portes vitrées de l’aéroport de Los Angeles fin 2008, l’allemand n’en croit pas ses yeux. Un de ses rêves se réalise enfin. Il met les pieds pour la 1ère fois de sa vie en Californie. Il a 14 ans. Quatre ans plus tard, une fois un titre de Champion du Monde de motocross MX2 en poche, il est de retour pour de bon : « Je viens d’un tout petit village en Allemagne, dit-il. J’ai commencé le cross à 2 ans ½. Depuis tout petit le supercross américain est une obsession. Je n’avais jamais imaginé une seule seconde que j’en ferais partie un jour. » La marque autrichienne KTM lui offre l’Amérique sur une plateau pour rouler en Supercross dans la catégorie 250cm3. Kenny ne se fait pas prier. « Il a fallu que je m’adapte et que je réapprenne tout ce que je savais déjà. Ce n’est pas facile de quitter son pays pour aller vivre dans un autre. J’ai du passer mon permis voiture, acheter une maison, apprendre l’anglais correctement, etc. C’était une aventure mais je me trouvais enfin à l’endroit où je rêvais d’être depuis toujours. » Le jeune prodige se met au travail et remporte le titre SX 250cm3 de la côte ouest en 2013. Il passe alors à la catégorie supérieure, roule deux ans chez RCH Suzuki avant de signer un juteux contrat avec American Honda en 2017. Extrêmement talentueux, bosseur, fantasque aussi, Kenny bouscule les codes « Si tu veux être champion de SX tu dois consacrer toute ta vie à cet objectif. Tu n’as pas le choix. Tu dois avoir un programme et t’y tenir tous les jours. Si tu réveilles le matin et que tu ne sais pas ce que tu dois faire c’est une perte de temps. »

Le 21 janvier 2017 à Anaheim (Californie)
La vie de Ken bascule un samedi soir de 2017. A l’appel d’un saut il perd le contrôle de sa Honda CRF450R n°94 et chute lourdement. Le choc est d’une rare violence. A terre, le pilote allemand ne bouge plus pendant de trop longues minutes. Les médecins s’affairent autour de lui. Le temps s’arrête dans le stade. Le silence est terrible. « J’ai cru qu’il était mort » dit un commissaire de course. La finale continue autour de lui mais plus personne n’y fait attention ou presque. Le public retient son souffle. Un murmure de soulagement monte. Soutenu de part et d’autre, Ken se relève doucement en se tenant le bras. Installé méthodiquement dans le véhicule médical, son regard tourné vers le vide en dit long sur la souffrance qu’il endure. Sa copine s’assoit à ses côtés et lui caresse le dos affectueusement. Les larmes coulent sous son casque dont la visière s’est détachée sous la violence du choc. Son magnifique début de saison 2017 se termine à l’appel d’un saut défoncé et rendu dangereux par la pluie tombée non stop en Californie. Trahi par sa confiance excessive et une vitesse hors du commun, Roczen sort du stade le bras en écharpe. Le ralenti de la chute passe sur les grands écrans. Choqué par les terribles images personne n’ose vraiment applaudir. La double fracture ouverte de l’avant bras est sans appel. Le Supercross 2017 perd son acteur principal. Après 11 opérations chirurgicales la nouvelle obsession de Ken est de revenir le plus vite possible à la compétition : « Lorsque je m’aligne derrière la grille de départ, j’estime que personne ne peut me battre, dit-il. Je vais donc travailler 100 fois plus pour revenir encore plus fort. Je veux que les gens se souviennent de moi comme étant quelqu’un de différent. Je veux être publié dans des magazines qui n’ont rien à voir avec le Supercross et que les gens qui n’y connaissent rien se souviennent de mon nom. » Blessé ou pas, le rêve de Ken Roczen est en marche.

Par Stéphan Legrand (avec les Editions Hachette – photos S. Legrand/J.Kardas).

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