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Xavier Audouard : un SX de Paris étonnant

Publié par La Rédaction le lundi 4 novembre 2019 à 09:00

Xavier Audouard travaille dans l’ombre de l’organisation du Supercross de Paris depuis de très nombreuses années. Après la transition de Bercy vers l’U-Arena de Nanterre, il a tout vécu. 

LeBigUSA.com : A quoi peut-on s’attendre de cette 3ème année dans l’arène U-Arena de Nanterre ?
Xavier Audouard : On peut s’attendre à voir des super courses avec du suspense. C’est le principe qui a guidé le choix du plateau cette année. Il n’y a pas de méga-favori. On a donc des pilotes qui vont y croire et se donner à fond. Avec la moitié du plateau venant des Etats-Unis, il faut remonter aux années 90 pour retrouver trace d’une telle profondeur derrière la grille de départ. Dylan Ferrandis, Malcolm Stewart, Chad Reed, Justin Barcia, Justin Hill, Joey Savatgy, Jeremy Martin, Zach Osborne (remplacé depuis, ndlr)… Objectivement, je n’ai aucune idée de qui va gagner.

Avec le recul, la transition après Bercy a t-elle été plus difficile que tu ne l’avais imaginé ?
Franchement, non. J’ai à la fois le respect du passé sans pour autant être nostalgique du tout. Quand on organise, on est forcément dans le présent. A Lille on a fait le plus de spectateurs d’un SX de Paris la 1ère année et la pire recette de l’histoire la 3ème année. Il y a eu les attentats. Le soufflé est retombé. Là-dessus une salle incroyable s’ouvre à Paris donnant enfin l’opportunité de présenter une piste conforme à ce qu’on peut trouver aux Etats-Unis. Ce n’est pas difficile, c’est excitant. On a fait une très bonne 1ère année à l’Arena en terme de public mais ça s’est tassé en année n°2. C’est un phénomène classique qu’on avait cependant essayé de compenser en présentant le champion de l’année et son dauphin qui , en plus, était français. Ca n’a pas marché et ça a donné à réfléchir. C’est là que l’idée d’un plateau plus dense est née. Pour cette édition on est a priori reparti à la hausse en billetterie. Ce n’est pas autant que la 1ère année mais il reste quelques jours et le fait que nous soyons au milieu d’un week-end à rallonge va peut-être décider plus de gens à la dernière minute que d’habitude.

Les difficultés des premières années à Nanterre ont-elles disparu ?
La difficulté était en année 1 d’inaugurer littéralement la salle en configuration sportive. Des trucs n’étaient pas au point, comme l’écran, le son ou la gestion des entrées dans le contexte brûlant du terrorisme. L’Arena a pris à bras le corps les aspects techniques et la salle est désormais à son rythme de croisière. Tout roule. C’est un outil ultra-moderne. Chaque année on apprend à utiliser davantage de ses possibilités. Ce sera encore le cas cette fois-ci notamment dans la gestion des trois écrans (dont le fameux XXL qui donne un cachet unique à l’arène).

Peux-tu nous parler un peu du tracé de la piste et ses spécificités ?
L’Arena permet d’avoir six pistes dans sa largeur ce qui est essentiel. Mais en fin de compte, on n’a pas de marge autour. Avec le besoin que nous avons de placer la grosse réception du Freestyle -contrainte que n’ont pas les américains- les bonnes options ne sont pas légion et on est plutôt dans la variation sur un même thème. Avec Cédric Lucas et JLF, on a tout de même choisi une nouvelle option avec départ sur toute la longueur et aussi de mettre série de whoops juste devant une tribune, avec épingle à gauche au bout. Cela devrait être un des endroits « chauds » de la soirée.

Le retour de Chad Reed c’est un peu comme une légende qui ne veut pas s’effacer ?
Chad est une légende à double titre. D’abord parce qu’il est de très loin le mec qui a pris le plus de départs de SX en carrière et qu’il est monté sur le podium plus que n’importe qui. Avec deux titres, il est 4ème de tous les temps en victoires (il en a claqué 44). Et ensuite parce qu’il y a ceux qui admirent ce palmarès monstrueux et il y aussi a tous ceux qui savent ce que c’est que d’avancer en âge et de devenir moins performant dans ses activités sportives. Tous ces mecs sont fans de Chad Reed parce que le gus a bientôt 38 balais et, dans un bon jour, il peut botter le cul à n’importe qui ou presque. Il l’a prouvé en montant sur le podium encore cette saison. Il est toujours aussi mauvais perdant et ne montre aucun signe de doute en lui-même. C’est pour ça qu’il reste le pilote le plus populaire bien que non-Américain de naissance. L’avoir à Paris est un privilège de connaisseurs d’autant que c’est peut-être la dernière fois qu’on le verra en Europe.

Il semblerait que cela soit plus compliqué de faire venir des têtes d’affiches du SX US, pour quelles raisons ?
Le champion de l’année est par définition pété de thunes et il a besoin de recharger les accus. Il faut vraiment tomber sur un « atypique » comme Jason Anderson l’an dernier pour avoir une chance de l’accrocher. Pour un Roczen, un Tomac ou même un Marvin, au stade où ils en sont de leur carrière, avec les blessures qu’ils ont eu, le ratio risque/bénéfice de faire quoi que ce soit à l’inter-saison -et même la Monster Cup, pour ceux qui n’y sont pas tenus par contrat- est juste devenu insurmontable. S’ils n’en sont pas eux-mêmes convaincus, leur team et/ou leur entraîneur le sont pour eux. Cooper Webb, je pense qu’on pourra le revoir. Il n’est pas aussi « usé ».

Est-ce un vrai challenge de surprendre les spectateurs chaque édition ?
Choisir le plateau c’est un peu jouer au team manager mais avec cinq fois plus de pilotes. Il faut faire le meilleur choix pour attirer le plus de spectateurs et obtenir les meilleures courses avec un budget donné qui est très conséquent. C’est excitant, notamment au début, lorsqu’il s’agit de déterminer les piliers de l’affiche en partant d’une page blanche, de ressentis, d’expérience et d’intuitions. Le challenge est qu’au final tes choix s’avèrent avoir été pertinents mais en réalité, une fois la machine en route, tu ne maîtrises plus rien.

De quoi es-tu le plus fier cette année ?
De rien, avant coup, il n’y a pas lieu d’être fier. La seule fierté ce serait de réussir une grande édition mais il y a une part de chance telle que ce serait plutôt de l’ordre du sentiment de devoir accompli. Pour cette fois, c’est cool bien sûr de pouvoir présenter Chad et d’avoir l’opportunité unique de fêter le titre de Dylan Ferrandis « à la maison ». C’est cool aussi qu’un David Rinaldo, notre rider fétiche ces dernières années, revienne auréolé de sa gloire des X Games.

Qu’est-ce qui demande le plus de travail dans cette ultime organisation ?
Organiser (comme gouverner), c’est prévoir. Je suis un maniaque de la prévision et comme je gère tous les aspects de la gestion d’une soixantaine de pilotes, de leurs contrats à leurs listes de passes en passant par leur hôtel ou l’immatriculation de leur véhicule pour le parking, je passe un temps infini sur une douzaine de fichiers Excel ouverts en permanence sur mon ordi. Le reste, c’est du bonheur. Concevoir le plateau avec Eric Péronnard, le show avec Jean-Christophe Vaschetto, la piste avec Cédric et JLF, l’accueil et la gestion du groupe des stars sur place avec une équipe de personnalités éminentes du milieu que j’appelle « les Boys » : Zouby, Mao et Garou Perrin, « Toph » Martin, Franck Mione, Dogfish, Fred Sandouly, Wil Ragot, les Blackliner Nico et Julien et aussi Nathalie Hagnéré… Rien de tout ça n’est une contrainte pour moi. Ces gars sont tous des amis et des tueurs. Chacun dans son genre ou son domaine.

Si je ne suis jamais venu au SX de Paris, pourquoi dois-je venir absolument cette année ?
Parce que l’intérêt qu’un événement de cette ampleur se déroule chez nous, c’est tout de même de venir le voir. Depuis des années que je ne voyage plus aux Etats-Unis pour des raisons personnelles, je ne rate pas une minute de diffusion SX en direct derrière mon écran. C’est formidable. Mais à chaque fois que je me retrouve en live à l’Arena, je me dis que cela n’a tout de même rien à voir. Et puis il y a des places à moins de 50€ pour venir voir un double événement SX/FMX de top niveau, dans la capitale, un week-end férié à rallonge. Ca me paraît un bon plan.

Propos recueillis par Stéphan Legrand (photos : motoverte.com)

 

 

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