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Millie et Cédric Mannevy : « le CMX est enfin de retour »

Publié par La Rédaction le lundi 1 août 2022 à 10:00

Après deux années d’une pause « forcée » à cause du Covid, Millie et son mari Cédric Mannevy sont de retour au charbon pour organiser la course CMX Race de Supercross.

LeBigUSA.com : La CMX Race Supercross c’est quoi en fait ? Depuis quand l’événement existe-t-il ?
Cédric : La CMX Race est une compétition internationale de Supercross qui réunit les meilleurs pilotes Européens de la discipline. Un jour en 2012, Millie me dit : « dans cette carrière à ciel ouvert, il faudrait faire quelque chose. » Sans y croire vraiment, je lui ai répondu qu’on allait organiser un Supercross. La seule chose que j’avais organisée dans ma vie jusqu’à présent était mon anniversaire. Millie a transformé l’idée en projet. Elle a tout planifié, elle a demandé les autorisations et à commencé à se battre contre les difficultés liés à notre pays. J’ai commencé à me dire qu’on y arriverait au moment où il a bien fallu construire une piste.

Millie : Nous sommes ni l’un ni l’autre dans l’événementiel. Cédric est pilote, je suis commerciale en immobilier. Sur un coup de folie, on a fait ce pari fou d’organiser un Supercross. On était loin d’imaginer le travail que cela représentait. En 2013, les pilotes sont encore les « concurrents » de Cedric sur la piste mais ils ont tous joué le jeu pour nous donner un sacré coup de pouce. Cela nous a permis de réunir un plateau exceptionnel à Lunel dès les débuts.

Le travail en couple n’est pas trop prise de tête ?
Millie : Ca arrive surtout en période de préparation. C’est intense et stressant. On a toute une équipe de bénévoles à « gérer » sans oublier nos deux enfants maintenant. Il y a parfois un peu de tension. On a même passé une édition à ne pas se parler pendant dix jours avec Cédric. On a acquis de l’expérience depuis. On relativise et on essaie de moins se mettre la pression surtout moi. Le reste de l’année c’est plus cool. Ca reste particulier car travailler ensemble et être « indépendant » fait qu’on est toujours en train de penser aux améliorations et aux futurs projets. On a donc du mal à débrancher surtout que Cédric balance toujours trois idées à la minute. Je le suis souvent mais je suis aussi obligée de dire « stop » parfois. Lorsque l’on arrive à réaliser nos projets, c’est quand même super de le faire avec son mari. C’est encore plus satisfaisant que de partager avec un patron.

Cédric : J’aime travailler avec ma femme parce que quoi je fasse ou que je projette de faire, j’ai besoin de son avis. C’est important pour moi car on a deux caractères très différents et complémentaires. Moi je rêve et je fonce. Elle réfléchit et planifie. Ce qui fait qu’à nous deux on peut faire de grandes choses. Le point le plus compliqué est de vraiment débrancher pendant les vacances, les dimanches, etc. Après je suis chiant. J’aimerais que tout soit fait à ma façon. Je vérifie tout. Je suis même capable de vérifier ses fautes d’orthographes alors que je n’ai jamais su écrire correctement.

Quelles sont les difficultés d’organiser un tel événement en France ?
Millie : Les démarches sont fastidieuses, longues et décourageantes. On doit travailler avec des institutions qui ne connaissent pas grand chose à notre sport et sont régies par des cadres stricts et des démarches complexes. Les ligues et la Fédération devraient se mobiliser pour soutenir mieux les clubs sans quoi ca va devenir très compliqué. En plus des réglementations administratives, il y a les obligations fédérales. Toutes ces réglementations pénalisent clairement le développement de notre sport. On ne se sent pas soutenu. On voit certains terrains qui ne respectent aucune réglementation mais ils ne sont jamais inquiétés. En revanche lorsque vous appelez la Fédération le discours est clair : si vous ne respectez pas le règlement, les conséquences peuvent être dramatiques. J’ai toujours cette peur d’avoir mal compris le règlement et que ça puisse nous desservir. C’est usant.

Cédric : La France est un beau pays mais quelle galère pour organiser quelque chose à grand échelle. Il y a des réglementations pour tout et n’importe quoi. Tu déplaces un virage ou tu ajoutes une bosse ? Il te faut une homologation. Ça veut dire que la préfecture réunit un responsable FFM, les pompiers, la gendarmerie, un responsable de la sécurité routière, un responsable du département, le maire, etc. Sans parler du dossier qui fait entre 20 et 30 pages. Bref, il faut une patience incroyable. Je pourrais citer des exemples par centaine. La préfecture du département te fait galérer parce que tu fais un événement de nuit. Ils te demandent alors ce que tu as mis en place pour ne pas déranger les chauves souris. Au début tu crois que c’est une blague…

Comment avez-vous géré la crise du Covid ? Deux ans d’absence, c’est long…
Millie : L’annulation de 2020 était très frustrante car elle s’est faite à quelques jours de la course. Beaucoup de choses étaient déjà mises en place. Pour 2021 les réglementations étaient tellement nombreuses en plus de celles déjà en place qu’on n’a pas eu le courage de se lancer. Cette crise s’est avérée déroutante pour beaucoup. Pour certains les conséquences ont été bien plus graves que pour nous alors on s’estime chanceux. On espère que tout ça est derrière nous maintenant.

Cédric : C’était compliqué financièrement parce qu’on venait d’investir sur du matériel d’arrosage et une mini chargeuse. Nous avions aussi tout acheté pour faire la communication (affiches, bâches, brochures, etc.) et tout a été annulé 15 jours avant. Après on s’est adapté. Heureusement que nous avons plusieurs activités comme notre école de moto où notre circuit de MX. On a quand même travaillé quand c’était possible.

Après deux ans d’absence, est-ce qu’il faut tout recommencer à zéro ?
Millie : On ne repart pas de zéro mais on perd la dynamique mise en place au fil des années. On repart surtout avec des difficultés en plus. Les budgets sont radicalement différents à cause des diverses augmentations. Les partenaires ont moins de capacités à nous aider. Ca rend alors la chose encore un peu plus difficile. Cela dit, on est ultra motivé. La CMX Race est bien de retour. L’équipe a forcément un peu changé mais elle est toujours aussi déterminée. Cela dit, je dois avouer qu’après ces deux ans sans rien, repartir a été difficile. Les incertitudes de l’organisation, la gestion que ça demande et la pression de tout coordonner avec les enjeux financiers ne m’avaient pas manqué. Cette année on a organisé une course régionale en mai. On a agrandi notre circuit de MX. On a refait entièrement la piste de SX. On a pérennisé notre école de moto. Tout cela a engendré beaucoup de travail. Je n’étais pas sûre d’arriver à tout gérer en plus de nos projets de vie perso mais on y est. Quand je vois le circuit aujourd’hui je regrette pas. Cédric a fait un travail extraordinaire. Les courses du 6 août vont être folles.

Cédric : Tout recommencer, pas forcément mais on se désorganise énormément. Beaucoup de choses matérielles ont été déplacées donc difficile à retrouver (surtout dans l’urgence). Les barrières en bois sont pourries, le débroussaillage est compliqué. En deux ans on a perdu la moitié des sponsors et des bénévoles. Heureusement qu’il nous reste des gens qui nous suivent. Que ce soit des amis ou des partenaires fidèles, ils sont prêts à nous aider pour aller au bout. Quand tu ne peux pas payer les factures et que tu reçois des courriers de menaces de huissiers, c’est compliqué. Dans cette situation tu as forcément envie d’arrêter. Les choses se sont arrangées. Tu as un partenaire qui te fait une petite rallonge, des bénévoles motivés, etc., et ça continue.

Maintenant que le CMX est de retour pour de bon, à quoi peut-on s’attendre samedi 6 août ?
Millie : Attendez-vous à une soirée de folie. La configuration de la piste et des tribunes est optimale pour profiter d’un vrai spectacle. Les tribunes naturelles entourent toute la piste et permettent de ne rien rater. Les passionnés pourront admirer leurs pilotes favoris et les prouesses techniques qu’ils vont réaliser sur un tracé hors normes en France. Même les personnes qui ne connaissent rien au SX pourront s’installer et profiter d’une belle soirée. C’est la course à ne pas rater cet été.

Cédric : Tous les meilleurs pilotes du moment sont présents : Cédric Soubeyras, Greg Aranda, Thomas Ramette, Antony Bourdon, Maxime Desprey, etc. Vainqueur de la dernière édition, Soub’ est définitivement l’homme à battre. Ils vont tous vouloir le monter en l’air. Cette année, je n’avais pas envie de faire un circuit comme on voit partout en France ou en Europe. J’ai fait la piste sur laquelle j’aurais rêvé de rouler à l’époque où je faisais du SX avec un enchaînement de 120 mètres de long et des bosses énormes. On va voir des doubles, des triples et même un quadruple. Il y a aussi un show freestyle avec trois pilotes au top de la discipline. On a investi tout notre temps et notre argent pour que ce soit exceptionnel. Je veux que les gens repartent de chez nous et se disent : « waouw, c’était énorme. »

En quoi la CMX Race est-elle différente des autres courses de SX ?
Cédric : Par quoi je commence ? La taille du circuit avec environ 1 minute au tour et la hauteur des bosses ? Nous avons un format de Super Finale « double start » unique au monde où les cinq meilleurs pilotes 250 cm3 partent cinq secondes avant les dix meilleurs 450 cm3. Nous l’avons inauguré en 2019. Ca avait donné une finale exceptionnelle où Calvin Fonvieille avait mené la course plus de la moitié du temps. Nous essayons aussi de faire quelques chose de différent avec la présentation des pilotes. Ca risque de surprendre pas mal de monde cette année.

Millie : Je pense que le circuit est indéniablement la différence majeure avec les autres SX mais aussi l’environnement. Nous sommes au cœur d’une carrière. Le décor est assez particulier avec les falaises de pierre. On est entouré de montagne de cailloux aussi impressionnantes que les bosses de Cédric. Les tribunes qui encadrent toute la piste donne aussi un effet d’arène qui est un vrai plus pour les spectateurs.

Le public peut-il approcher les pilotes ? Y a t-il des séances de dédicaces prévues ?
Millie : Le parc pilote est totalement accessible. Ca fait partie des choses qui nous tiennent à cœur. Les gens viennent voir et approcher les pilotes. Permettre aux jeunes et moins jeunes de pouvoir échanger deux mots et un autographe avec leurs idoles est tout simplement génial. Nous avons fait imprimer des posters exprès pour organiser une séance de dédicaces.

Est-ce mieux d’acheter les billets sur le site internet ou sur place ?
Millie : Malgré la conjoncture nous avons fait le choix de ne pas augmenter le tarif d’entrée (20 €) ce qui ne nous laisse pas beaucoup de marge. Les prix sont donc les mêmes en ligne ou sur place. C’est important pour nous de rester le Supercross le moins cher de France. Ca permet au plus grand nombre de pouvoir venir. Les spectateurs ont un accès plus facile avec les pré-ventes puisqu’un guichet est réservé le jour J. Sinon il est possible d’acheter des billets même au dernier moment sur place.

La crise du Covid est-elle maintenant un mauvais souvenir ? La CMX Race est de retour pour durer ?
Millie : Je l’espère vraiment. Je n’en peux plus de cette crise. On a passé notre hiver à « biper » des passes sanitaire à l’entrée du circuit de MX. On a du faire la police pour demander aux personnes sur le parc pilote de mettre les masques. Je n’ai plus envie d’avoir ce rôle. On va donc se dire que le Covid n’est plus qu’un mauvais souvenir et qu’on repart pour huit CMX Race de plus au moins.

Cédric : Nous avons eu des moments de doutes mais je me connais bien. Si on fait une bonne édition, je vais repartir plus motivé que jamais pour essayer de trouver des solutions et faire un circuit plus gros, plus fou pour les années à venir.

Au final, avant la course de samedi, vous avez sans doute des personnes à remercier ?
Cédric : A nous deux, avec Millie, nous ne pourrions rien faire. Je veux donc remercier tous les partenaires qui croient en notre projet et qui nous permettent de le réaliser. Il y a aussi les bénévoles bien sûr. C’est exceptionnel d’avoir des gens qui bossent la journée et qui viennent nous aider à travailler le soir, les week-ends, etc. Merci à tous ceux qui parlent de nous comme LeBigUSA.com par exemple. Au final, merci aux spectateurs qui vont faire le déplacement samedi prochain. Sans vous, la CMX Race n’existerait pas.

Millie : Je tiens à remercier toutes les personnes qui nous laissent un petit commentaire sympa et partagent nos publications sur les réseaux sociaux ainsi que les pilotes qui nous font des petits clins d’œils et parlent de notre course. Ces petits gestes font plaisir et nous motivent à nous donner encore plus pour bien faire. Je voudrais finir par un remerciement tout particulier à mes parents. Ma maman gère nos filles lorsque l’on passe nos journées au circuit sous 40 degrés et mon papa est un soutien précieux et indispensable. Vivement samedi maintenant.

Propos recueillis par Stéphan Legrand.

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