Roczen à Anaheim 2 : il y a un an…

Publié par La Rédaction le jeudi 18 janvier 2018 à 13:01

Souvenez-vous d’Anaheim 2 d’il y a un an… Ken Roczen se catapulte au-dessus de la piste. Un stade tout entier retient son souffle. Personne ne peut oublier ce 22 janvier 2017.

La jeune demoiselle est en pleurs. « J’ai vraiment cru qu’il était mort » dit-elle en reprenant sa respiration et en tremblant. La vidéo repasse en boucle à la télévision. Les ralentis se succèdent et à chaque fois c’est avec un haut le coeur que l’on regarde le pilote allemand passer par dessous sa moto et venir s’écraser sur le haut de la bosse suivante. L’amplitude est terrible, le choc est d’une rare violence. Il ne bouge plus pendant de trop longues minutes. Les docteurs s’affairent autour de lui, les drapeaux s’agitent frénétiquement. Le temps s’est arrêté dans le stade. Les spectateurs sont silencieux. La finale continue mais plus personne n’y fait attention ou presque. Une botte jaune bouge dans la terre molle. Puis une autre. Les gens reprennent leur respiration. Un murmure de soulagement s’éloigne. Soutenu de part et d’autre, Ken se relève doucement en se tenant le bras. Installé méthodiquement dans la meule médicale Alpinestars, son regard tourné vers le vide fait peine à voir. Le petit véhicule se déplace au ralenti pour sortir de la piste. Sa copine court s’asseoir à ses côtés et lui caresse le dos affectueusement. Les larmes coulent sous le casque Red Bull dont la visière s’est détachée. Déception et douleur se mélangent. Son magnifique début de saison se termine à l’appel d’un saut défoncé et rendu dangereux par la pluie tombée non stop en Californie depuis jeudi. La faute à pas de chance. Trahi par sa confiance excessive et une vitesse hors du commun, Roczen sort du stade le bras en écharpe. Des applaudissement timides se font entendre. Tout le monde est encore sous le choc. La double fracture ouverte de l’avant bras n’est pas encore diagnostiquée. Ce n’est plus qu’une question de temps. A quelques mètres de là, Ryan Dungey gagne sa 1ère épreuve de la saison. Il ne saute pas de joie pour autant.

Compassion
En conférence de presse, Dungey ému ne cache pas sa gène : « Je ne souhaite à personne ce qu’il arrive à Ken, dit-il. Le sport a besoin d’un pilote comme lui. J’espère qu’il va se remettre vite. Je ne suis pas là devant vous avec le sourire. J’ai gagné mais pas dans les conditions que j’aurais voulu. C’est vraiment dommage. » Le pilote KTM fait une pause, reprend sa respiration et termine sur ses quelques mots : « j’ai vraiment du mal à parler de ça. » L’émotion est palpable. Un ange passe. Cole Seely et Marvin Musquin tentent de reprendre le cours des choses mais le coeur n’y est pas vraiment. « Quand tu regardes l’état de la piste tu te demandes comment on a fait pour rester sur nos roues, dit Seely. Dans les derniers tours, j’ai décidé de ralentir car c’était devenu trop dangereux. » Au fond de la salle l’équipe Honda ne sait pas bien s’il faut se réjouir de la 3ème place de la CRF n°14 ou s’apitoyer sur le coup du sort. Dans un moment d’hésitation ils applaudissent Cole mais la joie est vaine. Les visages sont fermés, les sourires sont figés. Le championnat Supercross US 2017 a perdu son acteur principal. On ne saura jamais si Ryan Dungey aurait battu Ken à la régulière au bout de quelques courses. Il faut se rendre à une évidence qui fait très mal. L’intérêt de la saison SX a pris un sérieux coup dans l’aile. Tous les espoirs reposent maintenant sur Marvin Musquin, Cole Seely, Jason Anderon ou Eli Tomac pour faire vaciller le tenant du titre. Le suspense est à ce prix. Le costard de Ken était finalement un poil trop grand pour lui. Ce n’est que partie remise. Le tailleur a certainement déjà pris rendez-vous pour 2018. « Gute besserung »

Stéphan Legrand

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