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Kenny Alexander, créateur de FastHouse

Publié par Stéphan Legrand le mardi 21 avril 2020 à 10:00

Kenny Alexander est le fondateur de Fasthouse la « petite » marque de vêtements de cross qui monte. Nous sommes allés à sa rencontre dans ses bureaux au nord de Los Angeles. 

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Caché derrière les palettes en bois de son bureau, Kenny Alexander, le créateur de Fasthouse, se fait tout petit. « Je n’aime pas trop être dans la lumière. » Il est pourtant à la tête d’une marque de fringues de cross qui commence à se faire une petite place au soleil. Installé à San Clarita, au nord de Los Angeles, à 130 km de Corona où sont installés Pro Circuit, Troy Lee Designs, etc., le siège social de Fasthouse est loin de tout. Ce n’est pas plus mal comme ça. « On est tranquille. Personne ne vient jamais nous voir » explique le propriétaire des lieux. Cela n’empêche pas de vendre ses produits dans le monde entier. Comme souvent tout a commencé grâce au papa, passionné de tout-terrain. « Mon père était un pilote de désert, se souvient-il. Je suis né dans le tout-terrain. J’ai grandi sur les terrains de cross. J’étais plutôt bon mais j’ai beaucoup chuté. Ma mère m’a interdit de rouler avant mes 18 ans. » L’amour de la moto reste plus fort que tout. Kenny abandonne le cross mais reste sur deux roues ou presque. Il commence alors une carrière de cascadeur moto et voiture à Hollywood. Elle dure pas moins de 35 ans. « En 1998 je trouvais que rien n’existait pour se faire plaisir et rouler entre potes, dit-il. Je décide donc d’organiser la course dont je rêvais. Day in The Dirt est né. On s’attendait à une centaine de participants. Plus de 1 000 personnes ont débarqué. Red Bull et Troy Lee ont sponsorisé l’événement l’année suivante ainsi que James Cameron (le réalisateur de Titanic, ndlr) qui a aussi mis un peu d’argent. Day In the Dirt n’a pas cessé d’exister depuis. »

Les débuts de Fasthouse
En parallèle de Day In The Dirt, la marque Fasthouse commence à pousser petit à petit. « Depuis tout jeune je faisais des t-shirts pour mes potes, raconte Kenny. En 2008, je voulais les vendre sur internet. Je cherchais un nom accrocheur. J’ai toujours vu des pilotes trainer dans la maison de mon père après les courses. Ils refaisaient le monde et racontaient leurs exploits. C’était la maison où les pilotes les plus rapides se rencontraient, j’ai donc choisi le nom Fasthouse. Tout est parti de là. » La marque n’a pas vraiment évolué pendant plusieurs années. Elle prend vraiment son envol en 2013 avec l’arrivée de deux investisseurs, Danny le beau-frère de Kenny et Chip un homme d’affaire. Le succès ne se fait pas attendre. Avec son mélange « vintage » et nostalgique du motocross d’antan, la marque se cherche une identité au moment où les gens pensent qu’elle est liée à Troy Lee Designs. « Lorsque Day in The Dirt a commencé on portait des maillots Fasthouse avec des pantalons Troy Lee Designs, dit Kenny. Les gens ont donc cru que Fasthouse faisait partie de Troy Lee Designs alors que ce n’est pas du tout le cas. Je connais Troy depuis 1999 et on partage beaucoup de nos influences mais nos entreprises sont totalement différentes à beaucoup de niveaux. » Chez Fasthouse la mode importe peu. Les clients achètent des maillots sans se soucier un seul instant que le pantalon qui va avec n’est même pas disponible à la vente.

Le slogan « speed, style and good time » (« vitesse, style et du bon temps ») transpire dans les magnifiques locaux de Fasthouse. Comme quoi il ne faut pas grand chose pour créer une environnement de travail où il fait bon se retrouver et partager. Quelques palettes en bois, des vieux casques, des sculptures, des graffitis au mur et beaucoup de passion. « On ne veut pas se prendre au sérieux, dit Kenny. On s’en fout de gagner des championnats. On veut passer du temps avec nos potes et profiter de la vie. Peu importe si tu termines dernier d’une course du moment que tu es bien habillé. » La philosophie de la jeune marque tient à pas grand chose. Dans un monde où rien ne dure jamais, les collections de Fasthouse sont indémodables. Elles ne sont pas obligées de se renouveler tous les trois mois. La meilleure vente est d’ailleurs un maillot tout noir. « On est les mauvais garçons de l’industrie du cross, aime répéter son créateur. On ne fait rien comme les autres. On est anti-système. Si j’avais l’argent je m’offrirais les services de Ken Roczen. J’adore Ryan Dungey mais c’est une machine, un gentil garçon, le gendre idéal. Ce n’est pas notre tasse de thé. Si je devais sortir boire une bière avec un pilote ça serait avec Roczen sans hésiter. » Fasthouse surfe avec son temps. Les t-shirts et les casquettes se vendent d’ailleurs mieux que les maillots.

Effet de mode ?
Dans les rayons des supermarchés du cross, les fringues fluo des concurrents partent vite mais restent longtemps sur les étagères. « Les gens en ont marre des collections flashy qui se démodent au bout de deux mois, dit Kenny. Les pilotes du dimanche veulent rouler toute l’année avec des fringues qu’ils sont fiers de porter pendant six mois. » Dans son petit bureau, le boss supervise et voit tout. « C’est mon côté old school. » Son rôle est de créer, promouvoir, s’occuper des pilotes, organiser des événements et surtout faire en sorte que les partenaires sont contents. « Je n’aime pas suivre. J’ai un esprit très créatif. Je veux faire ce que les autres refusent de faire. » Les jeunes se retrouvent dans ce côté rebelle tout en s’abreuvant des promesses d’un marketing très ciblé. « Je ne crois pas en la publicité dans les magazines, avoue Kenny. La presse écrite est moribonde. Elle est déjà morte mais elle refuse de l’admettre. Tous nos efforts de communication sont tournés vers les réseaux sociaux. Pour l’instant ça marche d’enfer. » Pour combien de temps encore ? Il est bien difficile de le savoir. En attendant Kenny termine tôt ses journées de travail pour aller rouler. « Tant qu’on s’amuse en moto, qu’on organise des belles courses et des soirées inoubliables je ne crains pas pour l’avenir de Fasthouse. » Nous non plus.

Par Stéphan Legrand

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