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Bienvenue dans les dunes de Glamis

Publié par La Rédaction le mercredi 20 mai 2020 à 13:30

Rouler sans se soucier de rien, mettre du gaz dans le sable, vider des caisses de bières au milieu du désert, se retrouver entre amis pendant « Thanksgiving », c’est l’âme de Glamis. 

C’est difficile à croire mais d’habitude l’endroit est calme. Seul le bruit du vent vient perturber les lézards qui font la sieste au soleil dans le sable. Pendant le traditionnel week-end de « Thanksgiving », le chaos s’installe pourtant à Glamis. Ils sont des centaines de milliers à envahir pendant la dernière semaine de novembre ce paysage de dunes à l’infini. Brimés par des lois très strictes et un code la route respecté à la lettre, les américains profitent de cet immense terrain de jeu pour se lâcher et faire rugir les moteurs. Il y en a pour tous les goûts : 4×4, quads, buggys, motos et plein d’autres engins délirants. Certes, les vitesses sont parfois excessives mais il n’y a étonnamment pas beaucoup d’accidents. Dès 10h du matin, les petits groupes, dont beaucoup de jeunes pour la plupart, se rendent devant l’imposante dune d’Oldsmobile Hill, le point de rendez-vous de la journée. Ne cherchez pas un bar, un restaurant où même un concert rock, il n’y a rien à y faire à part regardez inlassablement les engins se précipiter en haut du sommet le plus vite possible. Les buggys flambant neufs aux énormes moteurs Corvette V8 LS1 de 400 chevaux d’une valeur de 50 000 $ côtoient les vieux Ford Bronco d’une autre époque.

Dans cette confusion de bruits mécaniques, les couches sociales se mélangent autour d’une même passion, celle du tout-terrain, avec pour seul objectif : se faire plaisir. L’alcool coule à flot, les enceintes débordent et crachent de la musique « brutale », les filles se lâchent, l’ambiance est électrique. « On vient ici pour s’éclater, confessent un groupe de blondes éméchées, on suit nos copains dans les 4×4, on boit, on danse, on fait la fête quoi. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut s’isoler en plein désert, loin des parents. » Paco se promène avec une bouteille de Tequila à la main. Il propose un verre à chaque fille qu’il rencontre en échange de voir ses seins. Ses potes armés d’appareils photos, encouragent les plus récalcitrantes avec succès. Un bouchon impromptu se crée ainsi devant la jeune demoiselle. Chaque « dévoilement » est accompagné de cris de joie qui attirent très vite les forces de l’ordre, les fameux « Park Rangers ». Avant qu’ils n’arrivent sur place, l’info se répand comme une trainée de poudre : « police, police... » Les bouteilles d’alcool disparaissent aussitôt, les filles se rhabillent et la circulation reprend comme elle peut. Un ange passe.

Le plaisir avant tout
L’ambiance bon enfant n’est pas aussi dramatique qu’elle l’était il y a quelques années. Les gangs latinos d’El Centro profitaient de l’obscurité pour régler leurs comptes et planter des coups de couteaux ou tirer des balles dans les ventres rivaux. Au petit matin, les forces de l’ordre ramassaient les cadavres à la pelle dans le sable. Chaud. Pour éviter cette image scabreuse et peu glorieuse, le secteur est désormais fermé au public une heure avant le coucher du soleil. Les policiers y installent des gros projecteurs facilitant ainsi de loin le repérage d’intrus. Avant cela, la foule bouge petit à petit vers Gecko Road, un autre point de rendez-vous situé au sud des dunes. Les « spectateurs » forment de part et d’autre une longue ligne droite et les véhicules viennent parader au milieu et rouler à fond pendant des heures jusqu’aux premières heures de la nuit. Le public joyeux et fêtard se compose de familles, d’enfants, de jeunes ados et d’adultes de tous les âges qui profitent du spectacle au « calme ».

Les bouteilles d’alcool se font plus rares car la présence des « Park Rangers » s’intensifie. La tombée de la nuit, imminente, les fait redoubler d’effort pour empêcher les plus éméchés de reprendre la route. Les autres rejoignent leur camp de base dans le désert. Les camping-cars, tentes et caravanes sont garés sur plusieurs kilomètres car il n’y a pas d’hôtel en vue. Brawley, la ville la plus proche, est à 40 kilomètres. Peu importe. Les habitués dorment dans les dunes et cuisent la fameuse dinde de « Thanksgiving » sur les cendres du feu de bois. « Cela n’aurait aucun intérêt d’aller à l’hôtel, dit Jess, bière Budweiser à la main. Dormir au milieu du désert fait partie du charme. Si je veux aller rouler avec mes potes jusqu’à 2 heures du matin c’est possible. » La fête va ainsi durer une bonne partie de la nuit. Vers 4h du mat’, les moteurs se font plus calmes. Les canettes de bières sont vides, un nouveau jour se lève. « Et si on allait à Oldsmobile Hill pour changer ? »

Stéphan Legrand

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