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#KesKidiDV #51 – Ironman

Publié par David Vuillemin le mercredi 30 août 2017 à 09:34

Pour la dernière épreuve à Ironman, David était de retour dans son canapé après son escapade à Budds Creek. Il analyse, casse un peu, tout en répondant à nos questions.

Comment expliques-tu que personne chez KTM ne dit à Jeffrey Herlings de ne pas terminer devant Marvin Musquin dans la 1ère manche ? 

Tu ne peux pas accueillir un pilote de la trempe d’Herlings qui vient faire la dernière course de la saison et lui dire : “oh, jeune, tu viens rouler mais si Marvin est derrière toi, laisse-le passer”. En Supercross, aider Dungey était quantifiable car les points étaient très serrés et que Tomac était chaud comme une baraque à frites à Valkenswaard. Pour la course de l’Indiana, pourquoi aider Marvin plutôt que Baggett, 2ème du championnat avant la course ? Il roule avec la même moto que Marvin à part le pot d’échappement. Çela n’aurait pas été très cool de la part de KTM d’aider leur pilote officiel et non l’officieux. Surtout, Tomac est arrivé dans l’Indiana avec 28 points d’avance sur Blake et 30 sur Marvin. Même Herlings avec la meilleur âme charitable possible n’aurait pas pu faire grand chose pour aider KTM à gagner le titre.

Pas le choix
Pour gagner le titre, KTM n’avait qu’une seule alternative : embaucher Bradley Cooper d’American Sniper et le placer dans la foret avec comme cible la moto verte avec le numéro 3. Même si Herlings a eu un effet de cataclysme samedi, il y en aurait fallu un autre pour qu’un pilote KTM soit champion. Donc, il n’y avait pas besoin de consignes. S’il y avait une dizaine de points d’écart entre Tomac et Marvin, il aurait opportun d’avoir des consignes pour mettre la pression sur le pilote Kawasaki en 2ème manche. Et si Jeffrey ne voulait pas obéir, il aurait fallu payer un spectateur pour lui mettre un bâton dans la roue avant dans un virage.  Chez KTM, ils sont plus connus pour mettre des boulons de 13 mm sur les motos que d’avoir de bonnes consignes de courses.

L’hollandais a t-il donné une leçon à tout le monde où alors est-il arrivé à un moment de la saison ou personne n’avait envie de s’arracher pour le suivre ? 

Le seul pilote avec qui on ne peut pas comparer Herlings samedi est Tomac. C’est le seul qui avait quelque chose à perdre. Le reste du plateau avait tout à gagner. Marvin et Baggett devaient gagner les deux manches si par miracle la Kawa n°3 explosait ou Eli s’exploser lui-même. Le reste des pilotes avait aussi tout à gagner. Quand t’es officiel, il y a quand même une carotte d’au-moins 50 000 $ par course. On l’a vu avec Justin Bogle à Budds Creek qui se sort les doigts pour un guidon en 2018. Jeffrey n’est pas arrivé au moment propice de la saison mais dans un championnat qui n’est pas aussi bon que l’on pourrait penser depuis quelques années. Je suis fan des championnats US. Je pense qu’en étant pilote de motocross, il faut être ici. C’est mon avis mais je respecte les carrières de Cairoli (qui est un ami), Herlings, Everts ou autres légendes de Grand Prix. Depuis quelques années, le niveau en MX aux US n’est sans doute plus ce qu’il a pu être dans le passé qui concordait à la domination américaine au MXDN par exemple. A cette époque, on ne parlait jamais de décalage horaire pour les pilotes américains, de motos aux normes Européennes, de la longue saison américaine avec 30 courses et peu de week-end de repos. Nous n’en parlions pas car les américains dominaient et gagnaient les Nations presque tous les ans. De nos jours, supporters des championnats américains, on essaie de se cacher derrière différentes excuses par rapport aux contre performances américaines aux Nations. Quelques unes sont sensées. D’autres moins. Si on prend Herlings samedi, c’est un peu comme s’il était américain et qu’il était allé aux Nations. Minimum de préparation. Pas la même moto. Décalage horaire. En Suède, le dimanche avant la course, en Floride le mardi et victoire le samedi à 1 heure d’Indianapolis. Ça, sont les excuses que les Euros avaient sans doute dans un coin au cas où. Ils n’en ont pas eu besoin. Jeffrey a été exceptionnel.

La comparaison USA/Europe
Certes Jeffrey a capitalisé de la chute de Marvin en 2ème manche mais il tombe au départ. Il passe 22ème au 1er tour et revient à huit secondes de Marvin avant sa chute à deux tours 1/2 de la fin. Marvin n’est pas un manchot. Il vient de gagner six des huit dernières manches du championnat. Et tout ça en laissant sur place du pilote officiel comme s’ils étaient pilotes Ufolep à Tataouine les Oliviers. Beaucoup de personnes disent que la saison américaine est longue. Je suis le premier à être d’accord mais il n’y a pas que ça. Jeffrey arrive dans un championnat de MX qui n’est plus ce qu’il était à l’époque avec des Carmichael, Stewart, Villopoto, Dungey à leurs meilleurs niveaux ou même des JMB, Stanton, O’Mara, Johnson, Emig et compagnie. Ces époques concordent à la domination américaine aux Nations. En 2007, Les US gagnent les Nations avec huit points avec une légende, Carmichael dans sa dernière année, un Villopoto de 19 ans et Tim Ferry. La France fait 2ème avec 34 points (avec une équipe B, je vous l’accorde. J’étais sur la fin et entre 5 et 8ème aux US. J’étais dans l’équipe A mais je me suis blessé). On pourrait parler des points de Jerez 1996 ou Lamson, McGrath et Emig gagnent leurs catégories mais le points étaient comptés par catégorie et non au scratch. La France gagne les Nations les trois dernières années avec 17, 14 et 29 points. Ça montre deux choses : Les US dominaient outrageusement et le niveau Européen s’améliore. L’importance du SX aux US tue le niveau des pilotes ici. Pendant huit mois, de mi septembre à début Mai, c’est 100% SX avec quelques jours de tests en MX vers Pâques. Les Euros sont en mode MX toute l’année. Tous les tops pilotes en Europe sont basés en Belgique et Hollande. De loin, j’ai l’impression qu’il sont mieux préparés qu’avant en étant la-bas. Les motos évoluent aussi. Je pense qu’elle furent meilleures aux Etats-Unis à un moment mais avec l’importance du SX, elle deviennent un peu négligées en MX alors que les Euros ont des brêles au top en MX.

Carmichael et Villopoto arrivaient à compenser en motocross avec n’importe quelles motos. RC nous torchait avec une RMZ450 de 2005 à 2007. Cette Suzuki était le plus gros oignon à avoir gagné un Championnat US. RV a torché tout le monde à 19 ans avec un 250cm3 en gagnant les deux manches aux Nations en 2007. Quand on ne fabrique plus des pilotes d’exception de la sorte et qu’on a (je mets Marv’ de coté) un Baggett blessé qui sort de deux saisons difficiles. Tomac roule pour marquer les points qu’il faut pour gagner un championnat. Ensuite, Seely préfère boire des cafés à la plage que de gagner des courses. Webb est à la ramasse en 450 cette année. Peick est un catcheur qui a décidé de faire du MX. Barcia est complètement éteint et enfin, Bogle et Wilson roulent contre un mec de 23 ans qui est déjà une légende en MX avec un pedigree de folie. On arrive donc au résultat de ce weekend dans l’Indiana. Sur le papier, il n’y a que Tomac et Marvin et Roczen avec deux bras, qui puisent rivaliser avec Herlings, Cairoli voire Febvre/Gajser en forme.

Le fossé outdoor/mondial
Marvin avait course gagnée en 2ème manche. Dans la 1ère, il était plus rapide qu’Herlings avant qu’il ne fasse des erreurs et se montre trop impatient. Tomac avait un championnat à gagner. Il n’a pas roulé comme il a pu le faire à RedBud et Southwick. De nos jours en MX, le niveau est plus homogène en Europe. Les meilleurs à 100% de leurs capacités sont plus ou moins au même niveau. Marvin vaut un Herlings, on l’a vu samedi et Tomac vaut un Cairoli. Je ne pense pas qu’Antonio puisse battre Tomac à Hangtown, RedBud ou Southwick de même que je ne pense pas que Tomac puisse battre Cairoli sur certains terrains en Europe. Le reste du temps, ces quatre pilotes de valent. C’est derrière qu’il a une grosse différence à mon avis. Il y a une meilleure profondeur en Europe aujourd’hui car ce sont des mecs qui roulent toute l’année en MX alors qu’aux US, la discipline primaire est le SX ce qui fait du mal a leurs niveau en MX.

Sans Dylan Ferrandis, on s’est fait chier dans les deux manches 250, non ?

Etant Français, il est évident que c’est plus excitant d’avoir un tricolore en course mais j’ai bien aimé les courses 250. Il y a eu de la bagarre même si Osborne a dominé. Privé de la pression des points et du championnat gagné à Budds Creek, il a roulé totalement libéré et n’a fait qu’une bouchée du plateau. C’est bien de Cianciarulo de reprendre du poil de la bête après ces premières saison pro difficiles et de confirmer sa bonne forme après sa 1ère victoire en MX à Budds Creek. Nichols accroche un premier podium en MX. Pour la petite histoire, il utilise désormais les réglages qu’on développe avec Dylan. Ça a l’air de fonctionner. Jeremy Martin fait du Jeremy Martin de 2017. De bons départs et des erreurs. J-Mart est le pilote qui a fait le plus de holeshot de l’année en 2017. Comme quoi, cela ne sert à rien si par la suite tu fais n’importe quoi. Va falloir qu’il se remette en question le gazier après deux saisons où il n’a pas eu les résultats escomptés pour un double champion MX. J’ai bien aimé l’arsouille entre les rookies Sexton et Cantrell. C’est la course dans la course entre les deux. Ils ont du roulé ensemble depuis des années en amateur et se sortent les tripes gagner la course des rookies. C’est cool a voir.

Des bagarres sympas
Mitchell Harrison accroche un top 5 alors qu’il est un sophomore (un 2ème année en anglais). Il a un gros potentiel. Je l’ai vu débuté en SX lorsque j’aidais Desprès et Sanayei. Il m’impressionnait d’aisance. Il a eu un peu de mal mais il a un gros potentiel. Il a montré 2-3 belles choses en MX cette année notamment à RedBud aussi. J’espère qu’il va trouver un bon guidon si Yamaha ne le garde pas. Généralement, j’aime mieux la catégorie 250 en MX car tu sais pas trop ce qu’il va se passer. Il y a toujours un ou deux mecs en forme qui peut créer la surprise à chaque course. Et puis, sur les 11 premières courses, il y avait Dylan à suivre. Je ne sais pas s’il y a des légendes à venir dans cette catégorie mais c’est toujours intéressant à suivre. À 30 balais, Osborne est au top de sa forme mais il va rester en SX 250 et 450 en MX l’an prochain. Les favoris seront sans doute : Osborne, Cianciarulo, Martin et Ferrandis. Le niveau sera là et pourquoi pas un jeune qui sort de nulle part en amateur ? Justin Cooper, Sexton et Cantrell peuvent aussi bien faire avec une année dans les pattes. Je ne peux pas dire si on va sortir une légende de cette catégorie 250. On ne sort pas des RC, Stewart, RV, Herlings, Roczen ou Tomac tous les ans…

Que retiens-tu de cet outdoor US ?

Je retiens que le pilote 250 les plus rapide et qui voulait gagner le plus en travaillant en fonction a été champion. Beaucoup diront qu’Aldon Baker y est pour beaucoup et j’en fais partie même si je ne partage pas tout de leurs programmes. Ce que je retiens est qu’il a changé son programme pour, comme je le disais la semaine dernière, avoir comme priorité numéro une, la moto. Quand tu manges moto, dors moto et chie moto, les résultats suivent. Peu importe qui tient le chrono au bord de la piste et peu importe qui est à coté de toi dans les sorties de vélo. En 450, c’est une saison un peu frustrante pour nous les français car on aurait voulu voir Marvin gagner ce championnat. Les blessures font partie du jeu. On le voit avec Baggett qui roule avec un gant accroché au guidon par du velcro car il n’a pas de force dans le pouce. Tomac a sans doute eu quelques bobos cette saison. Apres avoir vu la totalité des 24 manches, après la blessure de notre seule représentant français en 450 et après avoir dit que Marvin devait soigner son genou (sans trop savoir la gravité de sa blessure et avant de savoir qu’il n’avait pas besoin d’operation), il n’y a pas trop à regretter à part une manche. On peut spéculer en disant que Marvin aurait pu être champion sans être blessé. Je fais partie des gens qui y pensent aussi.

Avec des « si »…
On peut aussi dire que j’aurais été champion SX US si je ne m’étais pas cassé une omoplate. Les blessures viennent d’erreurs. Ne pas faire d’erreurs fait partie du succès du champion. Lorsque l’on regarde la saison de Marvin, même avec la blessure, il aurait pu être champion. On peut regretter sa chute dans la 2ème manche à Southwick où il perd le contrôle de sa machine et atterrit dans les spectateurs. Si on lui donne les 22 points d’une 2ème place car Eli marchait sur l’eau ce jour-là, la physionomie de la fin du championnat aurait été différente ce qui aurait mis plus de pression sur les épaules du pilote Kawasaki. On ne peut pas faire strictement des maths en disant qu’il a perdu au minimum 22 points à Southwick, qu’il a perdu le championnat de 10 points et qu’il aurait gagné le championnat avec 12 points d’avance. On ne peut pas le dire car Tomac a roulé en fin d’année en fonction de Baggett et Marvin. Mais en ayant 22 points de plus après Southwick, notre français aurait été dans une position plus favorable. Ce DNF de Southwick pèse lourd dans la balance même avec un genou abimé. Marvin fait une belle saison avec une 3ème place en SX et une 2ème en MX. Peut-on espérer un doublé en 2018 ? Comme disent les ricains, « wait and see. » A bientôt sur LeBigUSA ou ailleurs.

David Vuillemin (avec LeBigUSA.com)

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